mapemonde

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mercredi 11 décembre 2013

Episode 23 : Hell's Echo

“‘All right, thirty-seven then,’ said Dudley, going red in the face.
Harry, who could see a huge Dudley tantrum coming on, began wolfing down his bacon as fast as possible in case Dudley turned the table over.” (Harry Potter and the Philosopher’s Stone, II)
Pour la troisième fois en Tasmanie, nous changeons d’hôtes. Brenda et Stephen ont eu la gentillesse d’accepter de nous accueillir à la dernière minute afin de combler la semaine qui nous sépare de notre prochain logement. Brenda passe nous prendre dans le centre-ville pour nous amener dans leur maison baptisée "Heaven’s Echo" – là vous faîtes le rapport avec le titre !
Pour vous expliquer le tableau, le môme a cinq ans – oui, oui, cinq ans – les cheveux très blonds comme ceux d’un ange, mais coupés d’une façon apocalyptique. Maintenant que je connais le phénomène, je dirai qu’il se les ait coupés durant une de ses crises et qu’il crise de nouveau si l’on menace de rectifier le tir ! Bref ! Nous arrivons à Heaven’s Echo et nous mettons au désherbage dans le jardin. Le petit diable a tête d’ange – si on fait abstraction des grimaces de haine qui se peignent un peu trop souvent sur son minois – vient nous interrompre parce qu’il veut jouer. Sauf que monsieur – pardon, Monsieur – n’est pas du genre à demander si l’autre veut bien jouer avec lui, et l’expression « s’il te plaît » semble lui être totalement inconnue. Monsieur est plutôt du genre à ordonner, exiger, voire sortir une énorme paire de sécateur en faisant mine de menacer. Seriously ?! Yep !
Le souci c’est que les parents ont beau tenter de le raisonner – si tant est que l’on puisse raisonner un démon – ils finissent par aller dans son sens quand la crise atteint son paroxysme. Et quelle crise !
Il n’y a en général pas de raison valable à ces crises mais ce n’est pas grave, il en invente une plus vite que l’éclair. Alors, lors de notre premier soir – parce qu’il n’avait pas de beurre sur sa pomme au four – déjà, il avait été infernal au dîner, si ç’avait été moi, j’aurais pu m’asseoir sur le dessert, bref – Lors de notre premier soir donc, il pique une crise horrible d’au moins 30 minutes durant laquelle il hurle, frappe sa sœur, sa mère, tente d’étrangler son père avec une pince-à-objet, pour finalement avoir sa pomme au beurre…
A ce moment-là, on se dit que ce n’est pas possible et qu’il faut que l’on trouve un autre endroit où loger. Malheureusement, tous ceux que nous contactons n’ont plus de place. Mais, le lendemain matin, Brenda contacte un distant voisin et nous annonce qu’elle peut nous y déposer samedi, « à moins que vous ne vouliez partir avant ? », ajoute-t-elle. Elle n’est pas dupe. Une réponse honnête eut été « oui », mais bon, on se dit « deux jours, on doit pouvoir tenir. »
Et là, c’est le drame.
Après un début d’après-midi plutôt tranquille, la situation se dégrade nettement. Quand le démon n’obtient pas ce qu’il veut, il punit, se venge. Il frappe Audrey, veut l’asperger d’eau. Y en a vraiment marre, mais bon, zen attitude. Sauf qu’à force ça commence à franchement bouillir à l’intérieur ! Quand il s’en prend de nouveau à sa sœur, je hausse le ton pour lui demander d’arrêter et ça, il n’apprécie pas ! Alors il ferme la porte de la chambre et me barre le passage – ça a cinq ans, je vous rappelle. La guerre est déclarée. Il ne manque plus qu’Ennio Morricone et on se croirait dans un western spaghetti de Sergio Leone. Je l’écarte pour passer mais, une fois dans la cuisine, il vient pour me frapper à mon tour. C’en est trop, il faut que j’aille prendre l’air ! Le démon me poursuit et n’est stoppé dans sa course que par sa mère qui le rattrape par la capuche. Sans cette capuche, je ne sais pas ce qu’il serait advenu de moi. Comme je m’y attendais, ça continue à mon retour. Il m’asperge d’eau avec son pschitt-pschitt ridicule, je réponds avec un verre d’eau qui traînait sur la table – je sais c’est puéril, mais c’est si bon. Puis, faute de sécateur, ce sont les menaces aux ciseaux.
C’est décidé, nous parton demain matin et c’est vraiment parce qu’on ne peut pas partir ce soir ! Ça ne peut pas être parfait tout le temps, c’est sûr, mais il est hors de question que je supporte ce monstre encore plusieurs jours. Comme on me l’a fait remarquer, je pourrai dire que j’ai rencontré le diable de Tasmanie ! Cette maison n’était pas un écho du paradis mais bien de l’enfer !
Un peu de douceur dans tout ça, le petit chiot de la famille vient dormir sous ma couverture, blotti contre moi. Ça calme les nerfs les petits chiens !

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