“‘All right, thirty-seven then,’ said Dudley, going
red in the face.
Harry, who could see a huge Dudley tantrum coming on,
began wolfing down his bacon as fast as possible in case Dudley turned the
table over.” (Harry Potter and the Philosopher’s Stone, II)
Pour la troisième fois en Tasmanie, nous changeons
d’hôtes. Brenda et Stephen ont eu la gentillesse d’accepter de nous accueillir
à la dernière minute afin de combler la semaine qui nous sépare de notre
prochain logement. Brenda passe nous prendre dans le centre-ville pour nous
amener dans leur maison baptisée "Heaven’s Echo" – là vous faîtes le
rapport avec le titre !
Pour vous expliquer le tableau, le môme a cinq ans –
oui, oui, cinq ans – les cheveux très blonds comme ceux d’un ange, mais coupés
d’une façon apocalyptique. Maintenant que je connais le phénomène, je dirai
qu’il se les ait coupés durant une de ses crises et qu’il crise de nouveau si
l’on menace de rectifier le tir ! Bref ! Nous arrivons à Heaven’s
Echo et nous mettons au désherbage dans le jardin. Le petit diable a tête
d’ange – si on fait abstraction des grimaces de haine qui se peignent un peu
trop souvent sur son minois – vient nous interrompre parce qu’il veut jouer.
Sauf que monsieur – pardon, Monsieur – n’est pas du genre à demander si l’autre
veut bien jouer avec lui, et l’expression « s’il te plaît » semble
lui être totalement inconnue. Monsieur est plutôt du genre à ordonner, exiger,
voire sortir une énorme paire de sécateur en faisant mine de menacer.
Seriously ?! Yep !
Le souci c’est que les parents ont beau tenter de le
raisonner – si tant est que l’on puisse raisonner un démon – ils finissent par
aller dans son sens quand la crise atteint son paroxysme. Et quelle
crise !
Il n’y a en général pas de raison valable à ces
crises mais ce n’est pas grave, il en invente une plus vite que l’éclair.
Alors, lors de notre premier soir – parce qu’il n’avait pas de beurre sur sa
pomme au four – déjà, il avait été infernal au dîner, si ç’avait été moi,
j’aurais pu m’asseoir sur le dessert, bref – Lors de notre premier soir donc,
il pique une crise horrible d’au moins 30 minutes durant laquelle il hurle,
frappe sa sœur, sa mère, tente d’étrangler son père avec une pince-à-objet,
pour finalement avoir sa pomme au beurre…
A ce moment-là, on se dit que ce n’est pas possible
et qu’il faut que l’on trouve un autre endroit où loger. Malheureusement, tous
ceux que nous contactons n’ont plus de place. Mais, le lendemain matin, Brenda
contacte un distant voisin et nous annonce qu’elle peut nous y déposer samedi,
« à moins que vous ne vouliez partir avant ? », ajoute-t-elle.
Elle n’est pas dupe. Une réponse honnête eut été « oui », mais bon,
on se dit « deux jours, on doit pouvoir tenir. »
Et là, c’est le drame.
Après un début d’après-midi plutôt tranquille, la
situation se dégrade nettement. Quand le démon n’obtient pas ce qu’il veut, il
punit, se venge. Il frappe Audrey, veut l’asperger d’eau. Y en a vraiment
marre, mais bon, zen attitude. Sauf qu’à force ça commence à franchement
bouillir à l’intérieur ! Quand il s’en prend de nouveau à sa sœur, je
hausse le ton pour lui demander d’arrêter et ça, il n’apprécie pas ! Alors
il ferme la porte de la chambre et me barre le passage – ça a cinq ans, je vous
rappelle. La guerre est déclarée. Il
ne manque plus qu’Ennio Morricone et on se croirait dans un western spaghetti
de Sergio Leone. Je l’écarte pour passer mais, une fois dans la cuisine, il
vient pour me frapper à mon tour. C’en est trop, il faut que j’aille prendre
l’air ! Le démon me poursuit et n’est stoppé dans sa course que par sa
mère qui le rattrape par la capuche. Sans cette capuche, je ne sais pas ce
qu’il serait advenu de moi. Comme je m’y attendais, ça continue à mon retour.
Il m’asperge d’eau avec son pschitt-pschitt ridicule, je réponds avec un verre
d’eau qui traînait sur la table – je sais c’est puéril, mais c’est si bon.
Puis, faute de sécateur, ce sont les menaces aux ciseaux.
C’est décidé, nous parton demain matin et c’est
vraiment parce qu’on ne peut pas partir ce soir ! Ça ne peut pas être
parfait tout le temps, c’est sûr, mais il est hors de question que je supporte
ce monstre encore plusieurs jours. Comme on me l’a fait remarquer, je pourrai
dire que j’ai rencontré le diable de Tasmanie ! Cette maison n’était pas
un écho du paradis mais bien de l’enfer !
Un peu de douceur dans tout ça, le petit chiot de la
famille vient dormir sous ma couverture, blotti contre moi. Ça calme les nerfs
les petits chiens !
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